@ardeinv
adrien.vescovi@gmail.com

Biographie

Adrien Vescovi vit et travaille à Marseille depuis 2017 après une longue pratique installée dans les montagnes de Haute-Savoie. L’artiste réinvestit avec des enjeux contemporains la question de la toile libre et d’une peinture pensée à une échelle architecturale et naturelle. L’importance du contexte dans lequel l’artiste vient installer ses oeuvres est pour lui un facteur d’étude incontournable. Adrien compose des temporalités, assemble des couleurs travaillées selon différents processus alchimique, à partir de l’air (rayons du soleil et de la lune), la terre (ocres et végétaux) et le feu (cuissons, infusions). Sa manière de coudre est une façon de peindre. Le hasard est son allié. 

Né en 1981 et diplômé de l’École supérieure d’art de l’agglomération d’Annecy, son travail a été présenté aux Pays-Bas, en Belgique, au Danemark, au Mexique et très bientôt en Espagne, pour sa première exposition personnelle avec la galerie Albarran-Bourdais.

Cette année son travail sera visible pour d’autres expositions personnelles, en septembre au Casino du Luxembourg, au bookstore Yvon Lambert à Paris ou encore dans les rues de Gand en Belgique pour un projet avec 019. Et il présente actuellement une importante installation visible au SMAK de Gand pour l’exposition collective Splendid Isolation.
En 2021, il participe au 22 eme prix de la Fondation Pernod Ricard avec le projet Bonaventure signé par Lilou Vidal. Son travail a aussi bénéficié d’une première exposition personnelle en centre d’art contemporain Le Grand Café de Saint Nazaire.

En 2020, malgré la crise sanitaire, une importante installation a été montré lors de l’exposition Sur pierres brûlantes avec Triangle France – Astérides à la Friche Belle de Mai à Marseille lors de Manifesta 13, première version du projet Soleil Blanc, c’est un récit qu’il développe depuis d’exposition en exposition. En 2019 son travail a été présenté à la Galerie des Ponchettes avec le MAMAC de Nice, à la Villa Noailles pour le Festival international de la mode et accessoire ainsi qu’au Palais de Tokyo pour l’exposition Futur, ancien, fugitif, à la Vieille Charité à Marseille et au Musée Régional d’Art Contemporain Occitanie à Sérignan. Ses œuvres sont notamment dans les collections du Centre National des Arts Plastiques, du Musée d’Art Moderne et d’Art Contemporain de Nice, du Musée des Beaux-Arts de Nantes, du Frac Provence Alpes Côtes d’Azur et du Fond Communal d’Art Contemporain de la ville de Marseille.

CV

2000 – 2006 Ecole supérieure d’art de l’agglomération d’Annecy (DNSEP)

*En 2022

Solo show
Librairie Yvon Lambert, Paris / FR
Casino Luxembourg, Forum d’art contemporain, Luxembourg / LUX
Galeria Albarran-Bourdais, Madrid / ES

Group show
Splendid Isolation, SMAK, Ghent / BE
Fotokino, Marseille, FR
Art Beat Gallery, Tbilissi / GEO
Art in public places, 019, Ghent / BE

*Expositions personnelles

2021 Soleil Blanc, Centre d’art contemporain Le Grand Café, Saint-Nazaire / FR
2020 Slow Down Abstractions, Studio Fotokino, Marseille / FR
2019 Mnemosyne, Galerie des Ponchettes, MAMAC, Nice / FR
2019 mens momentanea, 7 Clous, Marseille / FR
2017 For the memory of a life time, ChezNeon, Lyon / FR
2017 Mnemonics, Galerie Ceysson Benetiere, Saint-Etienne / FR
2017 Résidence et exposition, Le Cyclop, Milly-la Forêt / FR
2016 Turn off the lights, Casa de Francia, Institut Français d’Amériques Latines, Mexico / MX
2015 Amnesia, Tripode, Rezé / FR
2015 3XL – DSCN1989, Nosbaum Reding Project / LUX
2014 Sugar and spice, Galerie TORRI, Paris / FR
2013 Afterwards, Mosquito Coast Factory, Campbon / FR
2013 Brain Freeze, Glassbox, Paris / FR

*Expositions collectives et autres mediums

2021 Bonaventure, 22nd Prize Pernod Ricard, Fondation Pernod Ricard, Paris / FR
2021 Bella vista, Centre d’art contemporain, Saint-Nazaire / FR
2020 Sur pierres brûlantes, Triangle France – Astérides / Ateliers de la Ville de Marseille, Friche La Belle de Mai, Marseille / FR
2020 Crystal Clear, Pera Museum, Istanbul / TUK
2020 Your Friends and Neighbors, High Art Gallery, Paris / FR
2019 Par hasard, Centre de la Vieille Charité & La friche Belle de Mai, Marseille / FR
2019 Futur, ancien, fugitif , Palais de Tokyo, Paris / FR
2019 La mesure du monde, MRAC, Sérignan / FR
2019 Festival international de mode de Hyères, Villa Noaille, Hyères / FR
2019 Viridarium Chymicum, San Sebastiano da Po, IT (residency)
2018 Accrochage dans la collection, Musée d’Arts de Nantes / FR
2018 Biennial IntoNature , Curated by Hans der Hartog Jager, Frederiksoord / NL
2018 Rapido Rapido , Collection N9, Interior and the Collectors, Noirmoutier / FR
2018Sometimes, however I am called to action by the siren song of the narrative faction , Curated by Furiosa Monaco, Marseille / FR
2018 Norma, Curated by Maud Salembier, Maison Pelgrims, Bruxelles / BE
2018 Aller-Retour, Belsunce Projects, Marseille / FR
2017 Club Andalouse, curated by Marie de Gaulejac, Paris / FR
2017 Back to the peinture, La Station, Nice / FR
2017 Villa Datris, L’Isle-sur-la-Sorgue / FR
2016 Don’t read books, Chez Neon, Lyon / FR
2016 In & out, Villa du Parc, Annemasse / FR
2016 30 ans déjà, Villa du Parc, Annemasse / FR
2016 Art Ephémère, Marseille / FR
2016 Galerie Praz-Delavallade, Paris / FR
2016 One Thousand Books, Kunsthal Charlottenborg, Copenhague / D
2016 Sequoya Dream, La Galerie, Noisy-le-sec / FR
2015 Problème de type Grec, sur une invitation de Jagna Ciuchta, La Galerie, Noisy-le-sec / FR
2015 My internet…, Galerie Jeanroch Dard, Bruxelles / BE
2014 (IM)MATERIEL, Galerie Jean Fournier, Paris / FR
2014 Le corps invisble, Galerie Edouard Manet, Gennevilliers / FR
2014 Rien de plus tout du moins, sur une invitation de Benoît-Marie Moriceau, Crédac, Ivry-sur-Seine / FR
2014 Art is hope, Palais de Tokyo, Paris / FR
2013 Une nouvelle unité , Les loges de la bastide Saint-Joseph, Marseille / FR
2013 Romantic duo,  Friche Belle de Mai, Marseille / FR
2013 Looking for Vidéo, Galerie Claudine Papillon, Paris / FR
2012 Keep me in suspense, The Central House of Artists, Moscou / RUS
2012 Bauhaus. Entretenir des choses matérielles, Kunstforum, Essen / DE
2012 Désarchitecture, Galerie Gourvennec Ogor, Marseille / FR
2012 Centre Aéré, Galerie de l’ENSAN, Nancy / FR
2011 Inauguration, Galerie Gourvennec Ogor, Marseille / FR
2011 Vigoureuse Affection, A l’atelier, Ivry-Sur-Seine / FR
2011 Ecole alternative bAbA, Paris / FR
2011 Colloque « L’aire du Jeu », INHA, Paris / FR
2011 Grand concours de tableaux monochromes, Galerie Jean Brolly, Paris / FR
2010 Aires de Jeux, Centre d’art Micro Onde, Vélizy-Villacoublay / FR
2010 Ils chantent et ils jouent, les gens entrent, Maison des Arts, Grand Quevilly / FR
2010 Collection Permanente, Mains d’oeuvres, Saint-Ouen / FR
2010 55e Salon de Montrouge / FR
2009 Opération tonnerre, Mains d’oeuvres, Saint-Ouen / FR
2009 Ligne à ligne, Galerie Nationale d’Indonésie, Jakarta
2009 Déminage, MAMAC, Liège / BE
2008 Playtime, Béton Salon, Paris / FR

*Collections publiques 

2020 FRAC PACA / Maseille / FR
2019 CNAP / FR
2019 MAMAC / Nice / FR
2016 Musée des beaux arts de Nantes / FR
2012 FRAC PACA / FR
2011 Conseil Général des Côtes d’Armor / FR
2009 Ville de Montrouge /FR

*Résidences 

2016 Cité internationale des Arts, Paris / FR
2014 Summer Lake, Annecy / FR
2009 Triangle France, Marseille / FR

*Publications

2022 A slow boil, Adrien Vescovi, Nature’s Alchemist, Selvedge issue 102 September, par Anne Laure Camillerri
2022 Pour une écologie de l’abstraction, par Marjolaine Levy, Réseau DDA, AICA France & Art Newspaper France
2021 Revue 02, Autonmne 2021, Adrien Vescovi par Guillaume Lasserre
2020 Les inrockuptibles, 14.09.2020, Des artistes exposent leur singularité “Sur pierres brûlantes”, Ingrid Luquet-Gad
2020 Paris Match, 30.07.2020, Les bouillons artistiques d’Adrien Vescovi, Anaël Pigeat
2019 TL Magazine n°32, Interview par Rachel Moron
2019 Les inrockuptibles, 6.11.2019, Résiste, Ingrid Luquet-Gad
2019 The Drawer, revue de dessin, Volume 17 – Rose
2019 Palais n° 30, Futur, ancien, fugitif, le magazine du Palais de Tokyo
2019 Catalogue 003, 34e Festival International de mode, de photographie et d’accesossoires de mode, Hyères, La Ville Noailles
2019 Madame Figaro, n°1849, Marseille l’art de vibre, Lisa Vignoli
2019 La Marseillaise, Novembre 2019, Adrien Vescovi, Alchimiste de la couleur par Alain Paire
2019 Narthex, « Mnémosyme » : l’infusion du temps, au MAMAC hors-les-murs à Nice par Odile de Loisy
2018 ArtPresse, Les galeries d’art contemporain de la province au monde, par Alain Quemin
2017 Monsieur Météo, Entretiens, Mouvement par Alain Berland
2017 Milly-la-Forêt : les artistes invités au Cyclop célèbrent le hasard, Le Parisien, Cécile Chevalier
2017 Crash Magazine n°79, par Dorothée Dupsuis
2014 Adrien Vescovi : support, surface et Lune, Quotidien de l’Art, par Jullie Portier
2010 A New Dynasty, Catalogue Contemporary Art Magazine, Numéro 3, Isabelle Le Normand

 

{X}
Bonaventure (Trafiquer les mondes)
22e Prix Fondation Pernod Ricard
Soleil Blanc, 2021
Dimensions variables
Bonaventure (Trafiquer les mondes)
22e Prix Fondation Pernod Ricard
Soleil Blanc, 2021
Dimensions variables
Bonaventure (Trafiquer les mondes)
22e Prix Fondation Pernod Ricard
Soleil Blanc, 2021
Dimensions variables
Bonaventure (Trafiquer les mondes)
22e Prix Fondation Pernod Ricard
Soleil Blanc, 2021
Dimensions variables
+ texte

Bonaventure (Trafiquer les mondes)
22e Prix Fondation Pernod Ricard
Curatrice Lilou Vidal

Avec :
Meris Angioletti
Carlotta Bailly-Borg
Minia Biabiany
Gina Folly
Renaud Jerez
Boris Kurdi
Tarek Lakhrissi
Chittah Skalaye*
Guida Skani*
Gluta Skari*
Adrien Vescovi

L’un des grands enjeux de notre temps c’est que le savoir soit transformateur, qu’il éveille l’imagination, qu’il rende le monde encore plus intéressant, qu’il désintoxique de la tristesse des « on sait » et des « ce n’est que ». [1] Isabelle Stengers, Résister au désastre, Éditions Wildproject, 2019, p.33

Dans un monde fragilisé tel que le nôtre, que peut faire l’artiste, sinon fabriquer des êtres et des mondes, interroger le vrai, réparer ou court-circuiter l’histoire, guérir et repeupler l’imaginaire, fabuler de nouveaux récits ou tirer les fils des possibles enfouis dans le réel ? Cette exposition accueille une génération d’artistes aux pratiques diverses et plurielles, traversée par des questions sociétales, identitaires et planétaires en effervescence, évoluant dans une époque trouble au futur incertain dont la crise actuelle exacerbe le flou et l’imprévisibilité́. L’incertitude ambiante d’aujourd’hui, compromettant les ardeurs de puissance et les stratégies de planification, rend compte d’un nouveau climat mondial, confus, flottant, vecteur de nouveaux scénarios « sans garantie »1. Outre leurs approches spécifiques, les artistes invité·es dans ce projet semblent partager l’intuition commune de puiser librement dans l’enchevêtrement des sources du réel tout en questionnant les systèmes de croyance et de transmission pour générer, tel un acte de résistance, une expérience de l’imprévisible, un imaginaire alternatif et poétique ainsi que de nouvelles formes et récits inédits.

Tel·les des diseur·euses de bonne aventure connaissant les stratagèmes des conteur·euses d’énigmes – consistant autant à formuler des questions qu’à trouver des réponses – ils et elles nous invitent à nous projeter dans d’autres mondes, en marge, inclusifs, polyglottes, transgressant la norme, les formes dominantes et le cours de l’histoire, peut-être bien même à échafauder des écologies antidotes et un avenir possible. Questionnant le désir illusoire de maitriser le futur, Bonaventure ne se fonde pas sur une pensée ésotérique en tant que telle, mais emprunte aux jeux des hypothèses leurs format subversif et relève davantage d’une investigation expérimentale, indisciplinée et poétique pour dire le monde autrement.

Le titre enjoué, Bonaventure, dissimule une ambiguïté, tandis que le ton positif donné à cette pratique divinatoire marginalisée qu’est « la bonne aventure » – prédire le destin d’une personne, qu’il soit bon ou mauvais – ne saurait occulter l’opacité́ du doute et l’incertitude d’un futur inquiétant, même au milieu des promesses et des attentes d’une vie meilleure. Plutôt qu’un exercice sur l’art de prédiction des magicien·nes, sorcier·ères ou soigneur·euses des mots/maux du présent, il s’agit d’une mise en résonance de pratiques et de pensées créatives d’une génération d’artistes prise entre les idées de lutte et de guérison, sachant autant actualiser qu’anticiper des télescopages culturels et géographiques complexes. Face aux différents ravages (écologique, social et mental)2 réalisés au nom du concept de « progrès » imposé par les sociétés patriarcales et capitalistes, d’autres formes de savoir et de croyance, provenant de cultures populaires et minorisées, semblent ressurgir et retrouver leur fonction réparatrice. L’énoncé de ce projet renvoie tant à la contrefaçon des savoirs, à la mise en place de nouveaux récits dissidents qu’à la clairvoyance, l’invention, et la ruse des « trafiquant·es d’illusion »3. C’est ainsi que les autorités ecclésiastiques appelaient les femmes tsiganes, nomades au XVe siècle, par crainte probablement qu’elles ne libèrent trop les esprits des pouvoirs dominants en lisant, et en imaginant un avenir possible dans les lignes d’une main inconnue, en échange de quelques pièces. Ces artistes se rejoignent à la lisière d’un enchantement grinçant et au seuil de certaines « fabulations spéculatives »4.

Tel·les des cueilleur·euses dans les marges du monde, ils et elles cultivent des méthodes et des récits, « tout plein de commencements sans fins, d’initiations, de pertes, de métamorphoses, de traductions, de bien plus de ruses que de conflits, de bien moins de triomphes que de pièges et de désillusions ; tout plein de vaisseaux qui restent coincés, de missions qui échouent et de gens qui ne comprennent pas »5. Elles et ils questionnent et détournent les modes de construction du récit et de la circulation de l’information, tout en déstabilisant les notions de finalité́, de valeur et d’authenticité́ à partir de structures narratives hybrides. Celles-ci convoquent l’oralité́, des histoires enfouies de la colonisation, des fictions mythologiques ou folkloriques, des récits d’anticipation ou de « futurité queer »6, ainsi que des rumeurs urbaines ou des pratiques marginalisées de voyant·es en tout genre.

Loin de l’inéluctabilité d’un destin, cette Bonaventure ne saurait se résoudre à un fatalisme irrévocable. Au contraire d’une histoire linéaire ou univoque, elle prend ancrage dans les mécanismes spéculatifs de son fondement et ne craint pas non plus la collision des mondes réels et fictifs. Elle trafique une arborescence de récits, d’hypothèses floues, de légendes et d’épisodes oubliés ou non encore advenus, selon une relecture du passé, des réagencements de réalités, mais aussi des usages et rituels sibyllins et décalés. Autant d’aspirations à décoloniser l’imaginaire, à défaire l’histoire pour mieux transformer le présent et amorcer une nouvelle pensée du futur.

Finalement, la Bonaventure nous entraîne dans une péripétie à temporalité variable, de partage et de médiation avec l’inconnu, le temps d’un échange intime à l’autre, dans l’opacité, le doute et la coïncidence des possibles.

Lilou Vidal

  1. Donna J. Haraway, Vivre avec le trouble, Les éditions des mondes à faire, 2020. « So far » cher à Donna Haraway, traduit de l’anglais par Vivien Garcia, p. 9. 2. La correlation de l’écologie mentale, l’écologie sociale et de l’écologie environnementale fut développée par Felix Guattari dans son ouvrage Les Trois écologies publié en 1989. — 3. Nicole Edelman, Histoire de la voyance et du paranormal, Editions du Seuil, Paris, 1995, p. 9 — 4. Donna J. Haraway, Staying with the Trouble: Making Kin in the Chthulucene, Duke University Press, 2016. Voir le concept de SF: String Figures, Science Fact, Science Fiction, Speculative Feminism, Speculative Fabulation, So Far. — 5. Ursula K. Le Guin, La théorie de la Fiction-Panier (The Carrier Bag Theory Fiction), 1986. Traduit par Aurélien Gabriel Cohen, paru sur Terrestres, Octobre 2018 (www.terrestres.org).— 6. José Esteban Muñoz, Cruising Utopia: The Then and There of Queer Futurity, NYU Press, 2009.